Dans la période comprise entre 300.000 et 400.000 ans avant notre ère, la vallée du Cachemire était le foyer de nombreuses espèces éteintes de grands mammifères, parmi lesquelles se distinguaient les membres du genre Palaeoloxodon, des éléphants exceptionnellement grands avec des dents droites. Les restes de plusieurs de ces éléphants, ainsi que des outils en pierre, indiquent que les premiers humains exploitaient les cadavres de ces animaux pour extraire la moelle osseuse, ce qui représente le plus ancien exemple connu de carnivorisme sur le sous-continent indien.
Bien que les fossiles aient été découverts pour la première fois en 2000, leur analyse complète n’a été achevée qu’en 2024. Des études récentes apportent de nouvelles preuves qui témoignent de l’activité humaine sur ces restes. Les fossiles ont été trouvés près de la ville de Pampore, située le long de la rivière Jhelum, où les anciens humains utilisaient de simples outils en pierre pour traiter les os afin d’obtenir la moelle osseuse, une source d'énergie cruciale dans leur alimentation. Cette découverte repousse les limites de notre compréhension des habitudes alimentaires des anciens humains durant cette période, car on pensait auparavant que les activités de boucherie avaient commencé beaucoup plus tard.
Il est intéressant de noter que les éléphants du genre Palaeoloxodon étaient beaucoup plus grands que les éléphants d'aujourd'hui. Ils pesaient plus de 12 tonnes, presque deux fois plus que les éléphants africains modernes. Les membres de ce genre se distinguent par leur front anormalement large qui dépasse au-dessus des narines, ce qui est l’une des principales caractéristiques morphologiques qui les différencient des autres éléphants. Les fossiles les plus récents découverts au Cachemire appartiennent à l’espèce Palaeoloxodon turkmenicus, qui était auparavant connue uniquement par des fragments de crâne trouvés au Turkménistan en 1955.
L'un des fossiles clés trouvés à Pampore est un crâne presque complètement conservé d'un éléphant adulte. Ce crâne offre une occasion unique pour une analyse détaillée, car les trouvailles précédentes de cette espèce étaient incomplètes ou gravement endommagées. En plus du crâne, des os hyoïdes ont également été trouvés, qui se situent à l'arrière de la gorge et servent de lien entre la langue et la gorge. Ces os sont extrêmement délicats et se conservent rarement dans les fossiles, mais ils sont extrêmement utiles pour distinguer les espèces au sein du genre Palaeoloxodon.
L'analyse des fossiles a révélé qu'un des éléphants adultes souffrait d'une grave infection chronique des sinus. Cette pathologie aurait pu affaiblir l'animal et conduire à sa mort. Cependant, les scientifiques n'ont trouvé aucune preuve directe de chasse, comme des restes d'armes ou des traces de lances dans les os. Au lieu de cela, ils croient que les hominines ont peut-être rencontré un éléphant déjà mort qui avait succombé à ses problèmes de santé ou qui avait été piégé dans une boue molle le long de la rivière.
Les outils en pierre trouvés, qui ont été utilisés pour traiter les os, étaient fabriqués en basalte, une roche qui n'est pas présente à proximité immédiate du site. Cela indique que les matières premières ont été apportées de régions plus éloignées, et que les outils ont été terminés sur place. Ces outils appartiennent à la soi-disant technologie "Mode 3", qui implique des méthodes de fabrication d'outils plus avancées par rapport aux technologies précédentes. Une telle complexité dans la fabrication d'outils suggère que les hominines de cette époque étaient très capables d'adapter leurs compétences et leurs outils à différentes conditions environnementales.
Cette découverte fournit la preuve la plus ancienne de la présence humaine sur le sous-continent indien, élargissant considérablement notre compréhension de l'histoire des premiers humains dans cette région. Jusqu'à présent, le seul fossile d'hominine trouvé dans cette zone était le fossile de l', découvert en 1982. Ce fossile avait un mélange de caractéristiques d'hominines plus anciennes et plus récentes, ce qui suggère que le sous-continent indien a joué un rôle clé dans la diffusion et l'évolution des premiers humains.
La découverte de fossiles à Pampore est importante non seulement en raison de sa rareté, mais aussi de sa conservation complète. Le crâne de Palaeoloxodon turkmenicus trouvé sur ce site est l'exemplaire le mieux conservé de cette espèce sur le sous-continent indien. Jusqu'à présent, des fossiles de cette espèce n'ont été trouvés qu'une fois, au Turkménistan, mais ces restes étaient beaucoup moins complets. La nouvelle découverte permet aux paléontologues d'étudier plus en détail les changements évolutifs au sein du genre Palaeoloxodon et de mieux comprendre comment ces espèces se sont répandues d'Afrique en Eurasie.
Les scientifiques impliqués dans la recherche estiment que d'autres études pourraient révéler encore plus de preuves des activités carnivores des hominines dans cette partie du monde. Étant donné que les humains sont des carnivores depuis des millions d'années, il est très probable qu'il existe encore des fossiles non découverts et des sites archéologiques qui pourraient éclairer davantage cette phase de l'histoire humaine.
La découverte à Pampore ne se contente pas d'élargir notre connaissance de l'évolution humaine, mais aussi de l'évolution de grands mammifères tels que les éléphants. Le genre Palaeoloxodon est apparu en Afrique il y a environ un million d'années, puis s'est répandu en Eurasie, où il a évolué en différentes espèces adaptées aux conditions locales. Les fossiles du Cachemire offrent un aperçu unique des phases de transition dans l'évolution de ce genre, car ils montrent des caractéristiques morphologiques qui se situent entre les espèces africaines plus anciennes et les espèces eurasiennes plus récentes.
Compte tenu de l'importance exceptionnelle de ces fossiles, les scientifiques prévoient de poursuivre les recherches sur le site de Pampore afin de découvrir des informations supplémentaires sur les animaux et les humains qui vivaient dans cette région. Ils estiment que des fouilles supplémentaires pourraient révéler encore plus de fossiles et d'outils, ce qui élargirait encore notre compréhension des premiers humains et de leurs interactions avec l'environnement.
Source : Florida Museum of Natural History
Heure de création: 24 octobre, 2024
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